vendredi 31 mars 2017

Le Centre et sa géothermie

JOUR 12 - mercredi 29 mars

Notre première nuit en van s'est plutôt bien passée, si ce n'est les réveils nocturnes à cause de la pluie qui battait fort sur le toit! On se réveille vers 9h sous des trombes d'eau, la journée s'annonce bien. On petit-déjeune tranquillement au camping (banane et cookie, on essaye d'être raisonnable) et on part pour les grottes de Waitomo.


Il y a environ 300 millions d'années, Waitomo reposait paisiblement sous le niveau de la mer et les restes d'innombrables créatures marines sont venues peu à peu se déposer sur le fond pour former des couches rocheuses de calcaire dans un amoncellement de fossiles.

Durant les 24 derniers millions d'années, la région de Waitimo a subi de nombreux changements apparents, avec la formation de failles et divers tremblements de terre et éruptions volcaniques. Les couches calcaires ont été poussées du fond marin vers la surface, déformées et cassées. Les fissures séparant les énormes blocs ont permis à l'eau d'y pénétrer, ce qui a lentement sculpté les grottes d'aujourd'hui.

A l'intérieur de ces excavations, des stalactites et stalagmites se forment (à hauteur de 1cm3 tous les 100 ans).

La zone est creusée d'une multitude de grottes. Nous visitons celle de Ruakiri, aussi appelée "Grotte des vers luisants". Elle a été découverte en 1887 par un topographe anglais guidé par un chef maori qui possédait ces terres. Aujourd'hui encore, de nombreux membres du personnel en sont des descendants.

Nous sommes littéralement éblouis dès notre entrée par le gigantisme des lieux. La chambre principale mesure plus de 16m de haut. Des formations calcaires de toutes formes nous entourent.
Photo d'une carte postale, car il est interdit de photographier l'intérieur des grottes

On poursuit vers des zones plus sombres, où on découvre la multitude de vers luisants qui nous entoure. Il s'agit de l'espèce "Arachnocampa luminosa" qui est propre à la Nouvelle -Zélande. Le ver luisant représente l'état larvaire d'un insecte qui émet de la lumière pour attirer ses proies (d'autres espèces ailées), drainées par la rivière en contre-bas. Ces proies se collent à des longs filaments qui pendouillent au plafond, agissants un peu comme des toiles d'araignées. 
Photo d'une carte postale, car il est interdit de photographier l'intérieur des grottes

Le cycle du ver est d'environ 1an; il reste à l'état larvaire 9mois. Le ver luisant adulte ressemble à un gros moustique. Il n'a pas de bouche, car sa seule fonction est de se reproduire. Il meurt très vite après. 

On poursuit notre visite en barque, sur la rivière souterraine, dans la nuit noire. Au plafond, on est émerveillé par des centaines de points lumineux, comme des étoiles de la voie lactée, qui brillent intensément. L'endroit est tout simplement magique! On sort au niveau de l'entrée initiale de la grotte. Dehors, il pleut toujours.

On file en direction de Rotorua. En chemin, on s'arrête manger des wraps sur les rives d'un fleuve. Puis on continue à travers les paysages à couper le souffle, dignes des meilleurs scènes du Seigneur des Anneaux.

On arrive à Rotorua en échangeant des regards qui en disent long. On comprend finalement que l'odeur nauséabonde provient de l'air saturé de soufre des sources géothermiques alentour. On part à la recherche de Te Puia.

On n'est pas déçu, malgré la pluie diluvienne. On observe sur un parcours de plusieurs centaines de mètres de nombreuses sources en activité. L'humidité est extrême, mais les vapeurs qui s'échappent du sol sont très chaudes, donc on n'a pas froid.

On commence par "la maison des kiwis", où on peut observer un kiwi en pleine chasse, de nuit. La nuit est simulée durant la journée car c'est le moment où les kiwis, oiseaux nocturnes, sont les plus actifs. Cependant, c'est assez décevant: il fait tellement sombre qu'on a bien du mal à le distinguer derrière la vitre. Ceci-dit, le kiwi est un oiseau bien plus gros que ce que j'imaginais, avec un bec assez long qui lui sert à fouiller le sol.

Ressortis, on observe des cratères de volcans (soit-disant endormis) de toutes tailles.

Des bulles de boue explosent à intervalle régulier dans des bains nauséabonds.

Des sources d'eau chaude jaillissent du sol dans des geysers impressionnants. Les roches à même le sol sont brûlantes.

Des effluves de soufre s'évaporent de partout. Les pierres prennent des couleurs fantastiques.

Malgré la beauté des paysages, on doit écourter la balade. La pluie ne cesse pas et on est trempé. Même mon k-way n'est plus imperméable...

On attend dans le hall dans l'espoir de sécher, jusqu'au début du spectacle maori, l'occasion pour nous de découvrir un peu la culture des premiers habitants de Nouvelle Zélande. 

Les jeux se succèdent, notamment des lancers de bâtons et de balles. 

Les filles sont invitées à monter sur scène pour apprendre les rudiments du jeu de balle. Je me porte volontaire, mais je dois reconnaître que le jeu n'a rien d'évident...

Puis viennent les danses, notamment le traditionnel "haka". Là encore, ils font monter quelques volontaires sur scène. Au tour des hommes! Joss a alors tenté d'en maîtriser les bases, qui s'avèrent aussi assez difficiles.

Nous assistons également aux fameuses salutations maories, le "hongi": front contre front et nez contre nez pour partager le souffle vital.

Puis vient le dîner, le "hangi". Et quel festin! Ca nous change de nos sandwichs! On commence par un shot de plantes non alcoolisé, très bon, mais nous n'avons pas retenu le nom. Puis l'entrée: un épi de maïs et des moules vertes géantes (au moins 4 fois la taille des nôtres). On passe ensuite au buffet des fruits de mer: crevettes, poisson séché et salade, plus soupe de coquilles Saint-Jacques, on dévore le tout! Pour les plats chauds, Joss essaye l'agneau et le poulet, cuits à la vapeur pendant de longues heures, de manière traditionnelle, en utilisant les sources chaudes.


Quant à moi, je passe directement aux desserts. Rien de très traditionnel, mais je teste tout quand même! Gâteau au chocolat et crème pâtissière, puis mousse au chocolat, puis choux à la crème (petits), puis charlotte aux fruits avec de la crème chantilly bizarre. Joss, plus raisonnable, part sur une salade de fruits.

On rentre sous la pluie jusqu'à notre van. On gagne un camping près de Waiotapu, notre prochaine visite si le temps le permet! On n'est pas mécontent de s'éloigner de cette odeur nauséabonde d'oeufs pourris pour la nuit!

JOUR 13 - jeudi 30 mars

Aujourd'hui, grasse matinée jusqu'à 9h30! Wouhou! Il a plu toute la nuit des trombes d'eau, mais le matin semble sec. On patiente longuement pour la salle de bain: 1 douche et 1 WC pour tout le "camping". Il s'agit en fait du parking d'un restaurant que le gérant facture 20$ la nuit. Pratique assez courante ici semble-t-il.

On décolle rapidement pour le site de Wai-o-tapu, pour découvrir de nouvelles sources chaudes. L'endroit est tout simplement magique, et pourtant, on ne visite qu'une infime partie des 18km2 que comprend la zone thermale. Il s'agit d'ailleurs de la plus grande zone d'activité thermale de la région. Là encore, on découvre (sous le soleil cette fois) des cratères, des piscines de boue chaude, des fumerolles.

La zone est traversée par la rivière Wai-o-tapu, qui rejoint le fleuve de Waikato. Aucun poisson ne peut survivre dans cette rivière, à cause de la présence de nombreux composants chimiques. C'est d'ailleurs ces composants qui donnent leurs couleurs magistrales au site: jaune pour le soufre, orange pour l'antimoine, blanc pour le silice, vert pour l'arsenic, rouge pour l'oxyde de fer, noir pour le carbone et violet pour le manganèse. On n'est quand même pas très rassuré de respirer ces effluves...

On commence par passer par des cratères majestueux et fumants, certains de plus de 20m de diamètres et 12m de profondeur, la plupart formés au cours du dernier millénaire par l'action de l'eau acide en arrivant à la surface.

On passe sur des passerelles en bois, au dessus de ce désert où rien ne pousse. Les fumerolles sont chaudes, l'air est irrespirable. Même le sol est bouillant: de nombreux panneaux indiquent de ne pas s'y aventurer.

On continue à travers des sources d'eau chaude et des lacs multicolores.


La piscine de Champagne est sûrement la plus belle source du site. Elle mesure 60m de diamètre et 60m de profondeur. Sa température est de 74°C... Des minéraux comme l'or, l'argent, le mercure, le soufre, l'arsenic, continuent de se déposer sur le fond de silice.

Au-delà de ces sources et de ces volcans, on traverse également un joli bois (très humide) où la faune semble prospérer, malgré la proximité des effluves toxiques.
Vous voyez le petit oiseau?

On roule ensuite pendant une grosse demi-heure en direction de Taupo. On y observe de jolies chutes, en mangeant nos sandwichs et nos chips. Ces cascades marquent l'endroit où le Waikato, le plus long fleuve de Nouvelle Zélande, coule à travers une gorge resserrée avant de se précipiter d'une hauteur de 10m dans un bassin naturel. On hésite à marcher sur les sentiers alentours, mais une nouvelle averse nous surprend. Ras le bol de la pluie, on part!

On reprend donc la route en longeant le magnifique lac Taupo sur de nombreux kilomètres.

On arrive 45min plus tard à Wakhapapa Village, en plein milieu du Tongariro National Park. 

On se renseigne au centre d'information sur les services d'hébergement et de navettes, puis on part faire une super randonnée de 6.5km aux Taranaki Falls, où l'eau chute de 20m au dessus d'une ancienne coulée de lave jusqu'à un bassin cerné de rocs. 

Là encore, nous sommes émerveillés devant la splendeur des lieux. On traverse de nombreux cours d'eau, on passe par de superbes étendues de bruyères et à travers des bois humides. 


Et nous sommes quasiment seuls!

On rentre avant la tombée de la nuit, le temps de préparer le van et de se faire un bon plat de pâtes! On se couche tôt, car une sacrée aventure nous attend demain avec le fameux "Tongariro Alpine Crossing".

JOUR 14 - vendredi 31 mars.

Pour la première fois depuis longtemps, on se lève au son strident du réveil, à 7h15. La nuit a été courte, on a eu assez froid et on a mal dormi. La navette nous embarque à 8h tapantes pour le point de départ de la randonnée.

On est assez couvert, enfin, surtout moi! Un tee-shirt, un sous-pull, un pull, une polaire, un coupe-vent, une écharpe, j'ai trop peur d'avoir froid! On est quand même en altitude, il ne faut pas l'oublier. 

On a de la chance avec le temps, c'est le premier jour de la semaine où la randonnée est autorisée. On ose à peine imaginer les conditions météorologiques des jours précédents. Une touriste nous dit qu'il faisait -7°C la semaine précédente...

Nous voici donc prêts à affronter le Tongariro Alpine Crossing :)

Cette randonnée légendaire est souvent présentée comme la plus belle de Nouvelle Zélande faisable sur la journée. Et on comprend pourquoi! Tout du long, on traverse des paysages extraordinaires, avec ses fumerolles, sources, formations rocheuses hallucinantes, bassins lunaires, versants couverts de roches volcaniques, panorama à 360°C. Tout du long, nous voyons la végétation évoluer, des broussailles alpines aux zones d'altitudes stériles.

On commence la randonnée à 8h30 de manière assez sereine, en marchant sur du plat (a 1100m d'altitude) à travers des étendues de lave volcanique. Les volcans en arrière plan sont magnifiques. 

Et pourtant, je souffre déjà!

On marche pendant deux bonnes heures (6.5km) à travers des paysages lunaires désertiques avant d'arriver au South Crater à 1660m. 



On continue pendant 3/4h avant d'arriver au Red Crater à 1900m, le point culminant de notre randonnée. Il y a de sacrées côtes pour y arriver!

On y déjeune (à seulement 11h30) avec une vue imprenable sur ce cratère aux mille et une facettes. Une bonne salade de riz/maïs/tomate/oeuf dur et c'est reparti! 

On longe le haut du cratère hors du sentier officiel, pour profiter d'un différent point de vue et fuir le monde qui afflue déjà. Le chemin est impressionnant tant il est étroit, les bas-côtés sont très fragiles.

Evidemment, on dévale la piste, plus qu'instable. Joss est confiant, moi beaucoup moins... Je m'accroche à ce que je trouve!


On arrive très vite au niveau des Emerald Lakes (à 1700m), aux couleurs flamboyantes presque surnaturelles. 


Le site est entouré de fumerolles et l'odeur pestilentielle de soufre nous fait suffoquer à nouveau.


On regagne le sentier, que l'on suit jusqu'au Blue Lake. Cet endroit marque la fin de la montée de 9km, réalisée en 3h20 dont 40min de pause dej. Maintenant, il nous reste 10,5km de descente.

On continue à travers les montagnes ensoleillées, avant qu'un gros nuage de brume nous surprenne et disparaisse presque aussitôt. 

Le sentier est moins intéressant sur la descente, même si le paysage et toujours grandiose. On a une vue superbe sur les lacs alentours.

On continue à descendre, en traversant un bois et des cours d'eau, avant d'arriver, complètement crevé, au parking où la navette nous attend (à 700m d'altitude). En tout, nous avons parcouru 19,5km, en 6h50, dont la pause dej.

On embarque dans la navette de 15h45, pressé de se doucher au camping! On mange nos habituelles pâtes au thon et on prépare une salade de riz pour demain midi. Au lit! 

On a pris de sacrées couleurs, malgré la crème solaire soigneusement étalée toutes les heures...

Et demain, route vers le Sud!